Cela fait bien longtemps... Mais ce souvenir me reste en mémoire comme s'il datait d'hier... C'était le 15 juinssidor 638... Oui c'est ça... Le 15... Comme sur ma médaille, le 15j638...
On avait crié, je n'y avais pas fait attention, trop occupé à nettoyer les tables de la taverne d'Astrub...
Oh j'étais jeune à l'époque... Ils avaient fait parler d'eux... On se précipitait devant la Maison qui désormais était leur point de ralliement... Moi je n'y croyais pas... On en parlait comme d'un rêve... Un troisième alignement... Moi je n'y croyais pas... Je n'y avais pas fait attention... J'étais jeune...
Le Grand Maître Ethéré n'était pas une légende, apparut aux yeux de tous il leurs avait dicté ce que la volonté de Volhe Deuhmort elle même avait souhaité... Quant à moi... Je n'étais que trop jeune... Inconscient de tout ce qui se passait, de tout ce changement...
Devant les épaisses murailles de la citée d'Astrub, un jeune Iop s'était endormi sous l'ombre protectrice d'un vieux châtaigner... Le soleil, se déplaçant, commençait à lui réchauffer le corps, tandis que le vent soufflait dans ses cheveux...
« Dow-Off... Eh Dow-Off ! »
« Hum... M'oui...? »
« Encore à dormir au pied d'un arbre, le Dieu Iop te regarde, tu nous fait honte ! »
« Pourquoi m'as tu réveillé ? »
« Mère m'a demandé de te dire, tu es le plus jeune, mais aussi le plus faible, elle a peur de t'avoir donné trop d'affection et de protection, va, tu es chassé de cet endroit, va et ne reviens pas, tu es trop faible, il est temps pour toi de t'enrôler dans l'une des grandes armées. »
Mes larmes semblaient vouloir lui donner ne serait ce qu'un peu d'humanité, mon frère était dans la grande armée de Brâkmar, fort et cruel, ma mère l'aimait. C'était son premier fils.
« Tu... Alors... Ne veux tu pas m'emmener... Emmène moi à Brâkmar, enseigne moi votre savoir, fais de moi un être que mère pourra enfin reconnaître comme son fils... »
« Va Dow-Off, et ne met pas le pied dans la Citée Mère, Brâkmar est mon foyer, mère ne veux plus de toi, si tu es trop faible aux yeux d'une vieille femme comme elle, tu l'es encore plus aux notres. »
« Dans ce cas... Nous serons amenés à nous revoir mon frère... »
« L'épée à la main, je ne serais plus ton frère. »
Mon Frère Dedzo avait été le premier à m'informer de leur venue... Il avait été là pour me crier que le Grand Maître Ethéré y était parvenu... Mais moi je ne l'avais pas cru... Moi je ne l'avais sans doute pas écouté... J'étais trop jeune... Il m'avait alors offert une médaille sur laquelle il avait inscrit cette date... 15j638...C'était il y a si longtemps... Bien avant qu'il ne soit corrompu par les rangs de la Citée Noire...
Des lunes ont passé... Je suis parvenu à me faire un nom à Bonta... On m'a enrôlé, j'ai fait mes preuves... Voilà tellement longtemps que je ne suis pas sorti de cette Citée que je devrais désormais appeler la Citée Mère, voilà tellement longtemps que je n'en suis pas sorti avec un autre but que de livrer bataille...
Brâkmar a envoyé un Rib à nos portes, comme le veut le règlement il a été abattu puis fouillé... Un message chaud et humide se cachait dans ses entrailles...
« Vous êtes la force de cette Citée ! Enfants de Bonta ! Fils de la Citée Blanche ! Votre Mère vous appelle au combat ! »
Le silence dans les rangs... Les yeux fixes et agars... Nous écoutons tous... Même si nous savons par avance ce qu'il va être dit...
« Ce matin, la Citée ennemie nous a envoyé une créature portant un message, c'est une provocation visant à nous emmener dans les Landes de Sidimote pour une dernière bataille ! Mais ces démons n'ont aucune parole ! Nous viendront donc sur leur flan droit au lieu de leur faire front ! Pour ce faire, nous passerons par la presqu'île des Dragoeufs ! Vous m'avez compris soldats ?! »
Un « oui » unanime retentit, les derniers ordres sont donnés, l'Armée se met en marche...
Voilà plusieurs jours que nous marchons, sans réel but, juste un plan connu de tous, une stratégie visant à déstabiliser l'ennemi... Nous nous rapprochons peu à peu de la Citée Noire... Nous passons dans les montagnes, et au loin je peux apercevoir le lieu de mon enfance... Astrub baignée de soleil... Le toit de la taverne où j'essuyais les tables lorsque les vœux du Maitre se sont exaucés... C'était il y a longtemps... En 638 je crois... Oui c'est ça...
Nous avons passé les montagnes, passé la presqu'île, les gradés chevauchent des dragodindes... Nous, nous avançons non sans mal, piétinant les contrées traversées de nos pas lourds et fatigués... Dans le regard de chacun, il y a le vide de l'épuisement, mais aussi apeuré au fur et à mesure que nous avançons... Moi, je ne parle à personne, je ne tisse aucun lien, je ne suis pas le seul, nous savons tous que, arrivés là bas, aucun de nous n'en survivrait...
« Stop ! Nous entrons dans le fin fond des Landes de Sidimote, sortez vous armes, tenez vous prêts au combat ! »
Un bruit sourd, le soleil a disparu depuis plusieurs jours déjà, du haut de mon 107ème cercle de puissance, je m'aperçois vite que je ne suis pas de taille... C'est la cohue générale, les démons sont là, on s'empale de toute part, on crie sans réussir à dire quoi que ce soit... Moi je reste là... Je contemple le spectacle qui était si familier aux enfants de l'époque de Volhe Deuhmort... J'ai envi de détenir sa puissance aujourd'hui, et de faire disparaitre ces deux peuples ennemis qui sont désormais les seuls à donner lieu à ces combats sanglants dans les contrées d'Amakna...
Une voix sussure à mon oreille...[/color]
« Encore à rêver, jeune Iop »
J'ai mal, le métal froid a traversé mon épaule, je n'arrive pas à m'effondrer par terre, il me tient en l'air avec la lame de son épée... Moi je suis là... Je caresse du bout des doigts la mort qui me devient soudainement familière...
« Tu n'as pas changé, j'aurais aimé que notre défunte mère voit ça, tu es aussi faible que lorsqu'elle t'a chassé »
Cette fois ci... Oui cette fois ci je l'écoute... Ce moment est étrange... Je n'arrive à voir que le visage de mon frère me souriant avec ce rictus qui le singularise depuis sa plus tendre enfance... Je vois sa lame rougit par mon sang...
« Défends toi, Dow-Off ! Défends toi ou meurs comme un lâche ! »
Je pose ma main sur sa lame, la saisit... Ma main saigne... Je tente alors de l'extirper de mon épaule... Je m'étale de tout mon long sur le sol... Aux pieds de mon frère... Aux pieds de Dedzo...
« Mon frère... Aide moi... »
« Je te l'avais dit, l'épée à la main, je ne suis plus ton frère »
Un bruit sourd, tout s'arrête, il fait froid, il fait sombre... Je donnerais tout pour pouvoir de nouveau m'allonger au pied du vieux châtaigner... Laisser mon corps se baigner de soleil...
« Il se réveille ! »
« Félicitations, écartez vous, c'est du bon travail »
Mes paupières s'ouvrent douloureusement... Autours de moi se pressent quatre personnes, une disciple d'Eniripsa, un disciple d'Osamodas, mon chef de régiment devenu borgne, et un disciple de Feca... Une unité médicale, mais comment...
« Vous revenez de loin mon ami »
C'est bien après, quand j'ai rendu les armes au chef de la milice, quand je suis retourné à la Citée Neutre de mon enfance, allongé sous l'ombre du vieux châtaigner, qu'un Tofu portant un message m'apprit ce qu'il s'était passé...
La disciple d'Eniripsa m'avait écrit, Lanniya... Oui, c'est ça... Elle s'appelait Lanniya... En premier lieu elle s'excusa, ce qui me rendit perplexe étant donné que je lui devais la vie à elle et à son équipe... C'est plus loin dans son message qu'elle m'expliqua que j'avais été conduit sous les ordres de son équipe médicale en tant que mort, et non en tant que blessé, elle réalisait diverses expériences sur les soldats tombés au combat, et s'apercevant que la date inscrit sur ma médaille lui disait quelque chose, elle tenta une opération inhabituelle... Mon frère était tombé au combat, disait elle dans sa lettre, et la magie que son corps renfermait était identique à la mienne... La magie... Si je me rappelle bien... Cela remonte au temps où les Dragons survolaient les terres d'Amakna... Il y a tellement longtemps...
Cette magie que nous pouvions donc partager à été la clef de cette guérison, elle expliquait qu'elle avait réussi à faire passer l'essence de mon frère en moi... Ce qui m'avait donné la force de renaitre..
Depuis ce jour, on m'identifie à mon rictus, la voix de mon frère vient me hanter chaque nuit... Pas une seule nuit depuis ce jour je n'ai pus être vraiment « seul »...
Quand vint mon 120ème cercle de puissance, une douleur me prit, ma poitrine me brulait, ma peau se détachait... L'essence de mon frère avait pris le pas sur la mienne, non en ennemi, il vint me parler...
« Je t'en conjure, ne résiste pas, laisse moi pleinement fusionner avec toi, je suis une âme prisonnière de ce corps que je ne contrôle pas, laisse moi ne faire qu'un avec toi, comme le Grand Maître Ethéré a su le faire avec l'âme de Vohle Deuhmort... »
Ses paroles étaient sages... Et sa voix si calme... Je le laissais alors m'envahir... Pleinement... Tous deux vivants dans ce corps...
« Nous nous retrouvons enfin mon frère... »
Notre vie passée ne fut que conflits et haine... Dorénavant, je viens à vous chers Selenytes, je viens à vous et ne répondrais qu'au nom de Dedzo, Dow-Off n'est plus, nos vies passées de combat et de haine inexpliquée ont disparut...
Ce disciple de Iop, du 120ème cercle de puissance, ayant perdu son nom d'origine lors de sa transformation, vit dorénavant dans un idéal commun avec l'essence de son frère, un souvenir que tous deux gardent bien en mémoire... C'était il y a si longtemps... Ils y étaient parvenus... A ce souvenir j'ajoute ce moment présent, où je vous demande de rejoindre vos rangs, pour l'amour de la Citée Neutre, pour l'amour des idées du Grand Maitre Ethéré...
[HRP/] L'histoire de Dedzo, présentée comme candidature chez les Selenytes, bien qu'il ne les ai pas rejoint, il œuvrera dans un idéal commun avec celui du Grand Maître Ethéré... Et avec la Nouvelle Lune ! [/HRP]
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Sujet: L'histoire de Dow-Off... De Dedzo. 
Dim 8 Mai - 0:20
